Dans cette lettre, Pierre Nkurunziza glorifie Pierre Buyoya: « Le Président Pierre Buyoya est une haute personnalité qui a marqué profondément la vie politique de son pays en menant des politiques historiques: la politique d'unité nationale, la démocratisation de la vie politique qui a conduit aux élections présidentielles et législatives en 1993, les négociations de la paix qui ont rassemblé tous les partis politiques et qui ont abouti à l'accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, la négociation d'un cessez-le-feu avec des groupes armés», Nkurunziza vante les réalisations de Buyoya quand il était aux affaires de l'Etat.
Nkurunziza ne s'arrête pas là: «Compte tenu du bilan largement positif à la tête du pays, diverses organisations internationales lui ont souvent confié des missions tels que l'observation des élections, la médiation, le dialogue politique, missions à travers lesquelles il a rendu d'éminents services au continent africain et à l'Organisation Internationale de la Francophonie», martèle Nkurunziza.
Le proverbe français dit : «Qui se ressemble s'assemble». Quelle est la ressemblance entre Nkurunziza et Buyoya ? Chose simple et visible à l'œil nu. Pierre Buyoya, l'homme fort du Burundi, est le seul à avoir fait deux Coups d'Etat militaire, et Pierre Nkurunziza est connu pour avoir volé un mandat à ses compagnons de lutte du CNDDFDD, et il cherche à briguer un troisième mandat, chose qui n'est pas permise par la Constitution de la République du Burundi issue de l'Accord d'Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi. Lors de sa lutte pour conquérir le pouvoir, Nkurunziza avait convenu avec ses compagnons de lutte qu'il serait au pouvoir pendant un seul mandat, et qu'après, il céderait la place pour que les autres se fassent élire au poste du Président de la République. Pour ne pas honorer les engagements, il a déployé un terrorisme sans nom au sein du parti CNDDFDD. Il a commencé par emprisonner Hussein Radjabu, puis a chassé du parlement 22 députés de son parti qui ne considéraient pas les choses comme lui. Les autres parlementaires, foudroyés par la peur, ont dit : «Quand Bamara le lion a rugi, nulle antilope n'a osé blâmer aux environs. Mes chers amis, nous n'avons plus rien à faire, résignons nous!». Ils ont fini par accepter de représenter Nkurunziza au parlement au lieu de représenter le peuple. Voila comment un mandat a été volé sans qu'aucun membre du CNDDFDD lève son petit doit pour dénoncer Nkurunziza. Comment feratil pour briguer un troisième mandat? Les signes avant-coureurs se dessinent, Wait and see!
Si Nkurunziza glorifie Buyoya dans sa lettre, c'est que la chose qu'il donne de la main droite, il compte la récupérer de la main gauche. Ce n'est pas par gratuité ou par amour que Nkurunziza accorde un soutien appuyé à Buyoya, tout a été régi par une motivation.
Si Nkurunziza soutient l'homme qui a fait deux coups d'Etat, probablement qu'il cherche un soutien pour briguer un troisième mandat. Buyoya, homme diplomatique, ferait la distraction de l'opinion internationale en expliquant à la communauté internationale que ce ne pas grave si Nkurunziza se fait encore élire.
Comme Buyoya est toujours membre du Comité Central du parti UPRONA, il aurait promis à Nkurunziza de l'aider à fragiliser les membres de son parti qui pourraient se plaindre contre le gouvernement de Nkurunziza à la cour pénale de la Communauté Est Africaine ou de la Communauté Internationale.
Les premières conséquences du mariage de Pierre Nkurunziza et de Pierre Buyoya pèsent sur le parti UPRONA. Le parti de Rwagasore qui avait conduit le pays à l'indépendance lors des élections de 1962 court le risque de tomber en lambeaux.
La deuxième conséquence du mariage de Pierre Nkurunziza et Pierre Buyoya pèse sur tout le Burundi. Les résultats de la Commission Vérité Réconciliation seront faussés par les deux hommes dont le pouvoir a été marqué par des crimes sans nom. Pour Buyoya, l'histoire n'oubliera jamais les massacres de Ntega et Marangara survenus au mois de septembre en 1988. L'histoire n'oubliera pas non plus comment Buyoya a armé la population en formant des miliciens appelés «gardiens de la paix», lors de la guerre avec la rébellion après son deuxième coup d'Etat.
Pour Pierre Nkurunziza, son règne est marqué par la distribution des tenues militaires et des fusils à la milice Imbonerakure, les massacres dans presque tous les coins du pays, mis en œuvre par les services de l'Etat et la milice Imbonerakure, le pillage des deniers publics, les actions de la Commission Nationale Terres et Autres Biens qui scindent la population en deux: les locaux et les rapatriés,...
