« Cris coincés dans la gorge accablée
Larmes non versées qui déchirent l'âme
Emotions censurées d'interdits
Impasses rougeâtres au bout des élans
Ahans angoissés au bord de la route.
Prête-moi ton cri
Prête-moi ta bouche
Pour dire ce que ma bouche louvoie
Mélange tes mots avec les miens
Pour tisser des passerelles
Cherche l'émissaire lacrymal
Cherche mes sanglots... »
(Extrait de « Tristesse » in Lazanda, Les Harmoniques, p.85)
Que s'est-il donc passé au Burundi d'avril à juillet 1972 ? Il est impossible de savoir, dans les détails, ce qui s'est passé à chaque endroit du pays, ce qui est arrivé à chaque habitant, dans chaque famille, sur chaque colline. Aucune mémoire, aucune histoire intégrale n'est possible. Mais alors, que faut-il savoir, que voulons-nous savoir, qu'est-il possible de savoir ? Auprès de qui le chercher ? Nous voilà orientés vers les gardiens de la mémoire, car le passé est passé. Faut-il faire appel aux témoignages divers, contrastés et contradictoires des individus, ou plutôt nous diriger vers les professionnels de l'étude du passé : les historiens ? Mais pourquoi ne pas tout simplement oublier, comme semble l'indiquer cet adage burundais : « Intibagira ntibana.»: Celui qui n'oublie pas est sans voisin. Mais oublier, est-ce vraiment la solution ?