Un président insouciant et en campagne depuis dix ans
Nkurunziza a passé toutes ses deux mandats de dix ans en randonnées dans la campagne, toujours absent de son cabinet, car visiblement incapable de se concentrer pendant plus d'une heure. Il préfère ainsi jouer au football à l'intérieur du pays. Champion dans la corruption, notre footballeur a vidé les caisses de l'Etat pour aller distribuer des cadeaux à ses militants et acheter les consciences des citoyens, pour que l'heure venue, ces derniers votent pour son parti et pour sa candidature. Avec ses protégés oligarques, Nkurunziza a accumulé des richesses insolentes et nargue son peuple plongé dans une misère indescriptible. Il passerait pour le chef d'État le plus riche dans la région des grands lacs selon le général Cyrille Ndayirukiye, numéro deux du contre-coup d'État manqué.
Une CENI et une cour constitutionnelle faites de courtisans de Nkurunziza
Si la population burundaise est descendue et reste massivement dans le rue, ce n'est pas uniquement pour dénoncer la candidature illégale à un troisième mandat de Nkurunziza. C'est aussi et surtout pour dénoncer les crimes humains, économiques commis par le régime et dire non à la fraude électorale organisée par son parti le CNDD-FDD, une commission électorale et une cour constitutionnelle toutes créées sciemment pour organiser la fraude électorale en sa faveur. ces institutions l'ont prouvé en 2010 en narguant le peuple Burundais par l'organisation d'une fraude massive en amont et en aval de ces élections.
En allant dans les rue, le peuple burundais a voulu dire halte aux voleurs, voleurs des richesses du pays, voleurs des voix ; le peuple Burundais rejette un pouvoir mafieux et refuse une deuxième mascarade électorale. Aller aveuglement aux élections dans un contexte d'insécurité généralisée et sans une CENI et une cour constitutionnelle consensuelles signifierait donner un chèque en blanc à Nkurunziza et son parti et donc légitimer la fraude et les institutions qui en seraient issues.
Quand Nkurunziza colle l'insécurité dans le pays à Al Shebab
Après le coup d'Etat manqué, ceux qui ne le connaissaient pas encore croyaient qu'il avait tiré une leçon et qu'il allait tendre la main à l'opposition. Comme quelqu'un qui a perdu tout sens de la réalité, il colle l'insécurité dans le pays à la menace des intégristes musulmans El Shebab qui pourrait attaquer le Burundi, faisant semblant d'oublier que le plus grand problème actuel est lui-même, sa CENI et sa cour constitutionnelle, véritables machines de fraude électorale.
Campagne électorale ou véritable gaspillage d'argent du contribuable
Cette campagne électorale menée exclusivement par le CNDD-FDD et ses partis satellites se déroule dans un climat d'insécurité, créée par le régime en place. Elle n'est reconnue ni par l'opposition, ni par l'Union Africaine et par d'autres partenaires importants du Burundi. Même à Bujumbura la capitale on en parle peu. Ces élections constituent un véritable gaspillage de l'argent du contribuable burundais, et ne mèneront qu'à une véritable impasse politique.
Comment sauver le pays et la démocratie ?
Actuellement, les partis politiques de l'opposition dont ceux regroupés dans l'Alliance démocratique pour le changement ADC-IKIBIRI, la société civile, le clergé, la communauté internationale et tous ceux qui suivent avec attention la situation socio-politique du Burundi sont conscients qu'il n'est pas possible d'organiser des élections apaisées dans la terreur entretenue par le pouvoir CNDD-FDD. Des voix se sont élevées pour réveiller Pierre Nkurunziza qui semble inconscient de ce qui se passe au Burundi.
La seule solution est la tenue des pourparlers entre le pouvoir et l'opposition, avec comme observateur la société civile.
A l'issu de ces pourparlers, des institutions de transition seraient mises sur pied pour redresser le pays et organiser les élections libres et honnêtes.
En marge du sommet de la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) qui s'est tenue à Luanda le 18 mai, le président sud-africain Jacob Zuba déclarait : « ... impensable d'organiser des élections au Burundi, dans un contexte pareil ... comment peut-on demander aux gens d'aller voter alors qu'ils sont en train de fuir le pays ?se demandait-il? Et d'ajouter : « Pour pouvoir organiser des élections, il faut d'abord instaurer la paix et la sécurité dans le pays, mettre les populations dans des conditions minimales pour qu'elles puissent accomplir leur devoir citoyen. Sans cela, aucun vote n'est possible. On ne peut pas parler d'élections ».
Voici des paroles pleines de bon sens, de sagesse et emprunt d'un esprit démocratique.
C'est ce que plaident aussi le parti CNDD et son président, Léonard Nyangoma longtemps bien avant l'éclatement de la crise politique actuelle.

