La crise provoquée par la gestion du régime du CNDD-FDD et qui a culminé avec les clameurs autour du 3ème mandat arraché par Pierre Nkurunziza, menace de dégénérer en guerre civile, avec ses incertitudes et ses cruautés. Parfois, les chefs politiques décident d'aller en guerre par orgueil, désir de vengeance, entêtement, peur de l'avenir etc., sans mesurer les rapports de forces, le contexte socio-historique, ou les conséquences probables de leur décision sur la population et sur le pays.
Silence on tue
Tueries sélectives
Ce samedi passé, des tireurs embusqués ont tué Zedi Feruzi, président du parti UPD-Zigamibanga et opposant au troisième mandat de Pierre Nkurunziza . Au cours de l'opération de cet acte ignoble, les assaillants ont assassiné également son garde de corps. Comme le ridicule ne tue pas, le pouvoir CNDD-FDD a répondu par le même refrain : « tout sera mis en place pour mener une enquête, afin de démasquer les auteurs de cet acte ignoble et de les traduire en justice ». Au début de cette semaine, les tueries sélectives des opposants continuaient dans la capitale Bujumbura, à Bururi, dans Bujumbura rural, à Muramvya etc...
Rien ne semble arrêter la machine à tuer, conçue et planifiée par le Parti au pouvoir le CNDD-FDD depuis l'année 2005 et mise en action par les services de sécurité du pouvoir et par les miliciens du parti, les fameux Imbonerakure. Ces actes ignobles, visant à anéantir progressivement les opposants à Nkurunziza et à son système sont des crimes contre l'humanité. Quoique opérés malignement à compte-goutte, ils visent à massacrer un groupe bien déterminé, celui des opposants politiques.
Je voudrais illustrer mon titre par quelques anecdotes :
L'engagement politique suppose une certaine fermeté de jugement, un certain nombre de principes. Cela est d'autant plus nécessaire quand on est un leader censé éclairer et guider les autres. La cascade de candidatures (ils sont huit à ce jour : Pierre Nkurunziza, Agathon Rwasa, Jean de Dieu Mutabazi, Domitien Ndayizeye, Sylvestre Ntibantunganya, Gérard Nduwayo, Jacques Bigirimana et Jean Minani) à l'élection hypothétique à la présidence de la République soulève un certain nombre d'interrogations et sème le doute sur les candidats. Voici pourquoi.
« Quand on n'a pas honte on se permet tout »
Les faits.
Ce samedi le 09 mai, la Commission Electorale Nationale Indépendante CENI, a clôturé l'enregistrement des candidats à l'élection présidentielle du mois de juin prochain. Huit candidats se sont faits enregistrés dont Agathon Rwasa représentant de l'Ancien Mouvement rebelle, les FNL, les anciens Président Sylvestre Ntibantunganya et Domitien Ndayizeye,
Ces candidats se sont présentés, alors que l'opposition, menée principalement par les partis d'opposition dont le CNDD , le MSD, l'UPD Zigamibanga , les autres partis alliés et la société civile, sont massivement descendus dans la rue depuis deux semaines pour réclamer le départ du président Nkurunziza, qui veut se présenter encore une fois aux élections présidentielles, alors qu'il a épuisé ses deux mandats légaux.
Ce lundi le 04 mai 2015, la Cour Constitutionnelle a rendu public un arrêt qui n'a surpris personne, du moins pour toute personne connaissant le mode de fonctionnement des institutions de Nkurunziza. Monsieur Sylvère vice-président de cette cour, a été approché pour être corrompu mais a catégoriquement rejeté cette offre emposonnée. Il a été menacé de mort par les services du quarto Nkurunziza-Bunyoni-Adolphe –Ndakugarika. Face à cette menace, il a opté pour fuir à Kigali au Rwanda.
Qui donc, ces jours-ci, surveille notre ciel ?
Qui donc, ces jours-ci, veille sur notre terre ?
Ce samedi le 25 avril 2015, le CNDD-FDD a désigné Pierre Nkurunziza comme candidat aux élections présidentielles du mois de juin, en violation de la constitution et de l'accord de paix d'Arusha de 2000. A la suite de cette déclaration de candidature, la population burundaise est descendue dans les rues à Bujumbura et dans plusieurs localités du pays, notamment à Muyinga et Kirundo, pour dire non à ce coup d'Etat constitutionnel. Depuis dimanche le 26, la tension reste vive dans la capitale Bujumbura. Ceux qui contestent à ce dernier le droit de se représenter à un 3ème mandat sont pourchassés, gazés, arrosés, emprisonnés ou tués, au motif que ce sont des insurgés. L'insurrection se définit comme un soulèvement, une sédition, une révolte visant à renverser le pouvoir établi. Contre les manifestants, le gouvernement a mobilisé les moyens de l'Etat, la police, l'armée et, selon des témoignages fiables, des miliciens Imbonerakure. La situation soulève les questions suivantes : Le CNDD-FDD a-t-il eu raison de désigner Nkurunziza comme son candidat ? Nkurunziza a-t-il eu raison d'accepter cette désignation ? Peut-on attaquer juridiquement Nkurunziza pour cette acceptation ? Les gens qui manifestent accusent-ils Nkurunziza à juste titre ? L'accusation d'insurrection est-elle adéquate ?
« Du passé faisons table rase »
En butte à des contestations de tous genres, dont le point focal semble, à tort, le 3ème mandat, le pouvoir du Président Nkurunziza a adopté un ensemble de mesures qui semblent jusqu'ici lui réussir : accélération et mobilisation des milices Imbonerakure, radiations ou sanctions sévères contre toutes voix dissidentes au sein du parti, changement des responsables des services sensibles tels que le Service National de la Documentation, juridisme politicien prétendant faire interpréter la constitution du Burundi par la cour constitutionnelle, et surtout, ces derniers jours, la volonté très affirmée de s'assurer le contrôle de la rue, histoire d'ôter les armes à ses adversaires politiques. Ainsi, le maire de Bujumbura avait organisé, le samedi 28 février 2015, une marche pour la paix, pour faire une démonstration de force et de capacité à « faire rugir le monstre ». Une autre marche de la paix, organisée par le pouvoir suivra, le 28 mars 2015. Par contre, ce 16 avril 2015, la manifestation prévue par les opposants a été bloquée par une police omniprésente. Le lendemain, même scénario, mais, avec cette fois-ci un début d'intifada...Dès lors, faut-il conclure que l'opposition burundaise échoue à trouver « le bon topo » pour arriver à ses fins ? Faut-il penser que les élections tant controversées finiront par avoir lieu et faire place à des institutions crédibles et stables ? Avec ou sans Nkurunziza ?
« Tout ce qui rampe est gouverné par des coups ». Héraclite
Il y a bientôt deux semaines, mon attention fut attirée par un ami sur un article de Roland Rugero, paru sur Iwacu. Cet ami, très sévère, trouvait le dit article animé de mauvaise foi, contradictoire. Je me promis alors de lire cet article dès que j'aurais un peu de temps. L'article intitulé : « Comment Nyangoma a (presque) offert à Nkurunziza le troisième mandat » et publié le 02-04-2015 sous la rubrique « Ce que j'en pense », portait sur une déclaration du parti CNDD datée le 27 mars 2015. (Voir : http://www.iwacu-burundi.org/burundi-nyangoma-nkurunziza-troisieme-mandat-ceni-amatora2015-cndd-fdd/).Voici maintenant mes observations.
Au commencement Nyangoma créa le CNDD avec sa branche armée FDD-Intagoheka dont l'objectif poursuivi était la restauration de la démocratie au Burundi. Il importe de souligner très fort et pour cause, que cette branche armée était formée pour servir d'outil au mouvement politique CNDD. Bref, la branche armée était normalement sous le commandement strict politique donc du CNDD.