Albanel Simpemuka

Albanel Simpemuka

« Du passé faisons table rase »

En butte à des contestations de tous genres, dont le point focal semble, à tort, le 3ème mandat, le pouvoir du Président Nkurunziza a adopté un ensemble de mesures qui semblent jusqu'ici lui réussir : accélération et mobilisation des milices Imbonerakure, radiations ou sanctions sévères contre toutes voix dissidentes au sein du parti, changement des responsables des services sensibles tels que le Service National de la Documentation, juridisme politicien prétendant faire interpréter la constitution du Burundi par la cour constitutionnelle, et surtout, ces derniers jours, la volonté très affirmée de s'assurer le contrôle de la rue, histoire d'ôter les armes à ses adversaires politiques. Ainsi, le maire de Bujumbura avait organisé, le samedi 28 février 2015, une marche pour la paix, pour faire une démonstration de force et de capacité à « faire rugir le monstre ». Une autre marche de la paix, organisée par le pouvoir suivra, le 28 mars 2015. Par contre, ce 16 avril 2015, la manifestation prévue par les opposants a été bloquée par une police omniprésente. Le lendemain, même scénario, mais, avec cette fois-ci un début d'intifada...Dès lors, faut-il conclure que l'opposition burundaise échoue à trouver « le bon topo » pour arriver à ses fins ? Faut-il penser que les élections tant controversées finiront par avoir lieu et faire place à des institutions crédibles et stables ? Avec ou sans Nkurunziza ?

Le pouvoir, c'est le fait d'exercer une influence sur l'action, la volonté ou la pensée de quelqu'un. Mieux, c'est la capacité de faire prévaloir sa volonté ou celle de son groupe, en recourant à différents moyens : économiques et financiers, militaires, idéologiques, etc. Le pouvoir politique est un ensemble d'institutions incarnant l'autorité en matière législative, exécutive et judiciaire. Ces institutions comprennent des fonctions, des personnes qui les exercent, ainsi que des règles de dévolution, d'exercice et de cession. Qu'il soit législatif, exécutif, judiciaire, le pouvoir politique est une autorité1 globale qui soumet tout le monde, qui est dédiée aux affaires publiques, qui a un caractère contraignant et qui a une capacité d'initiative et d'innovation.
Le motif de cette réflexion est de nous interroger sur les difficultés qu'ont les hommes d'Etat, singulièrement le Président Nkurunziza, à quitter le pouvoir, malgré les prescrits de la constitution et de l'Accord d'Arusha et malgré les nombreuses exhortations à ne pas briguer 3ème un mandat.

« Cris coincés dans la gorge accablée
Larmes non versées qui déchirent l'âme
Emotions censurées d'interdits
Impasses rougeâtres au bout des élans
Ahans angoissés au bord de la route.
Prête-moi ton cri
Prête-moi ta bouche
Pour dire ce que ma bouche louvoie
Mélange tes mots avec les miens
Pour tisser des passerelles
Cherche l'émissaire lacrymal
Cherche mes sanglots... »

(Extrait de « Tristesse » in Lazanda, Les Harmoniques, p.85)

Que s'est-il donc passé au Burundi d'avril à juillet 1972 ? Il est impossible de savoir, dans les détails, ce qui s'est passé à chaque endroit du pays, ce qui est arrivé à chaque habitant, dans chaque famille, sur chaque colline. Aucune mémoire, aucune histoire intégrale n'est possible. Mais alors, que faut-il savoir, que voulons-nous savoir, qu'est-il possible de savoir ? Auprès de qui le chercher ? Nous voilà orientés vers les gardiens de la mémoire, car le passé est passé. Faut-il faire appel aux témoignages divers, contrastés et contradictoires des individus, ou plutôt nous diriger vers les professionnels de l'étude du passé : les historiens ? Mais pourquoi ne pas tout simplement oublier, comme semble l'indiquer cet adage burundais : « Intibagira ntibana.»: Celui qui n'oublie pas est sans voisin. Mais oublier, est-ce vraiment la solution ?

Le mois d'avril est devenu, aussi bien au Rwanda qu'au Burundi, le mois des tristes souvenirs. En effet, c'est le 29 avril 1972 qu'a été déclenché au Burundi, par le régime de Michel Micombero, le génocide contre les Hutu. Au Rwanda, c'est le 7 avril 1994, au lendemain de l'attentat contre le Falcon 50 qui transportait les PrésidentsJuvénal Habyarimana du Rwanda et son homologue burundais, Cyprien Ntaryamira, qui est célébré en souvenir du génocide rwandais. Mais, s'agissant particulièrement du Rwanda, sur lequel nous allons nous appesantir, une série de questions se posent, qui ne manquent pas de jeter le trouble dans l'esprit, au regard de la différence des statuts, de l'occultation de la vérité historique, du manquement à une justice équitable, et de l'instrumentalisation politicienne de la mémoire pour dénier ses droits à tout un peuple. Et si « le génocide » dans la bouche du FPR de Kagame n'était qu'un masque d'hyène, masque destiné à nous empêcher de penser aux morts, à tous les morts, et surtout aux vivants ? Pouvons-nous, vingt ans après, supporter une mémoire au service du mensonge, de la vengeance et de l'exclusion ?

Quand les miliciens pourchassent les policiers, sur qui pouvons-nous encore compter ?

Introduction

A première vue le gouvernement de Pierre Nkurunziza, correspond à la définition de Max Weber : il revendique avec succès le monopole de la violence physique1. Avec cette différence que l'écrivain ajoute : « violence physique légitime », alors que celle de ce gouvernement est portée vers les extrêmes les plus éloignés de la légitimité. Mais pourquoi en est-il arrivé là ? Quels sont les autres piliers sur lesquels le pouvoir d'Etat devrait pouvoir s'appuyer sans devoir user de brutalité ? Pourquoi sommes-nous fondés à penser que ce régime qui campe dans la violence tyrannique, est en train de nourrir les pires démons ?

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